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Migration : voici comment Mamadou Dian Sow a échappé de justesse à la mort dans le Sahara et les prisons libyennes

La République de Guinée est l’un des pays où le départ des candidats à l’émigration irrégulière est très élevé. Selon le site lemonde.fr, en 2018, les immigrés guinéens étaient la deuxième communauté de demandeurs d’asile en France, derrière les Afghans, avec 8 433 demandes de protection. Alors qu’en 2015, la Guinée n’était pas au top dix des nationalités arrivant en Europe par la route migratoire irrégulière. Mais actuellement, selon ce quotidien français, les ressortissants de Guinée sont parmi les premiers contingents à entrer sur le continent par la Méditerranée occidentale et centrale.

Mamadou Dian Sow, la trentaine, est l’un des citoyens guinéens qui ont décidé de rejoindre le Vieux Continent en passant par le désert et la mer Méditerranée ; mais qui, malheureusement ou heureusement n’a pas pu se plonger dans les côtes libyennes pour traverser. Ce jeune colosse a échappé de justesse à la mort dans les prisons libyennes.

Près de cinq ans passés dans le Sahara de l’Afrique du nord, Mamadou Dian Sow, est revenu en Guinée grâce à l’Organisation internationale pour la migration (OIM). Aujourd’hui, il a pu surmonter sa mésaventure et se réintégrer dans la vie professionnelle.

Grâce à l’appui de l’OIM, avec trois de ses amis, ils gèrent un centre informatique en haute banlieue de Conakry. Je vous propose de lire son témoignage qu’il a bien voulu partagé avec nous.

Je m’appelle Mamadou Dian Baldé.

Avant j’étais en Gambie. C’est à partir de là-bas, fin 2013, que j’ai eu l’idée de partir traverser la mer pour rejoindre l’Europe parce que j’avais deux amis qui étaient déjà partis et avaient réussi à rentrer. Pendant qu’ils partaient je n’avais pas l’idée d’aller. Mon objectif était de chercher l’argent en Gambie et revenir au pays en Guinée. Mais à travers leurs encouragements j’ai eu le courage de prendre la route de la Méditerranée. Mes parents ne le savaient pas. Je leur ai simplement dit que je partais en Algérie pour y travailler.  

La route, elle n’est pas facile! De la Gambie je suis allé au Mali, où je ne connaissais personne. Mais mes amis m’avaient déjà expliqué comment était le terrain. Je suis resté près d’une semaine là-bas pour étudier le terrain parce que les passeurs trahissent les gens (émigrants). Ils peuvent te vendre le ticket d’un véhicule qui n’a même pas de moteur. Donc, arrivée au Mali, il faut patienter et t’assurer que t’as le bon passeur… J’ai emprunté une voiture pour le Niger en passant par le Burkina Faso. La souffrance je l’ai commencé au Burkina. Mais là-bas  comme il y avait l’ordre, ils vous demandaient de l’argent. Les premiers barrages demandaient 30 000 CFA. Si le premier groupe paie ça ils demandent au deuxième groupe 15 000 CFA. Le reste s’ils disaient qu’ils n’avaient pas d’argent, les agents les fouillaient Quand ils ne voyaient rien, ils emprisonnaient les gens. Et quand ils se rassuraient que les passagers n’avaient pas d’argent, ils les  dépouillaient de leurs biens et les  laissaient continuer. C’est comme cela  que nous sommes partis jusqu’au Niger. 

Moi, j’étais seul au départ mais en cours de route je rencontrais des Guinéens. Arrivée au Niger, certains se sont retournés de là-bas parce que tout leur argent avait été soutiré. A Niamey, j’ai passé trois 3 jours. Ensuite, j’ai pris une voiture pour Agadez. Dans cette grande ville du Nord du Niger ils nous ont fait entrer dans une cour d’un passeur où j’ai laissé mes documents. Nous avons quitté la ville nuittement pour Arlite à la frontière entre le Niger et l’Algérie. Arrivée, il y avait un barrage. Ils nous ont arrêtés. C’est le passeur qui a payé de l’argent pour nous libérer. Arrivée à son foyer on la remboursé avant de discuter le prix du nouveau trajet. C’est un Malien qui gérait le foyer. Là, il peut te dire qu’il y a une voiture directe pour Alger ou Oran alors que c’est faux. Comme moi ils m’ont expliqué le processus, j’ai expliqué la situation à certains éléments du groupe qui ont accepté. Nous sommes partis à la gare pour s’embarquer et partir en Indisane, le premier village d’Algérie après la frontière. Nous sommes arrivés la nuit dans ce village. On a payé un guide qui nous a conduits au désert avant que le soleil ne se lève sinon les gardes allaient nous arrêter. Dans le désert, même une torche on n’allume pas. Il ya des caniveaux, c’est dans ça que vous allez marcher. Ce n’est pas facile. Arrivée à un moment donné, on a aperçu des ampoules, le guide nous a dit c’est là-bas la ville. Lui, il s’est retourné; et nous, on a continué…

Quand nous sommes rentrés en Indisane avec un ami, nous sommes partis dans une gare routière. Mais il y avait beaucoup de passeurs qui avaient des foyers. Dans le foyer, tu paies sinon tu ne restes pas là-bas. Heureusement, mon ami et moi nous sommes partis à la gare routière. A la gare là-bas, il y avait des Algériens qui prenaient les gens pour Tamanrasset, la première grande ville du sud. Là-bas, aussi, on nous a mis dans des pickups, couverts par une bâche. Mais si on les paie avant de bouger ils vont nous débarquer en plein désert. Il faut leur dire qu’on n’a pas d’argent Là, ils envoient les gens dans un foyer. Le propriétaire du foyer va le payer et les voyageurs aussi vont payer le propriétaire du foyer. Nous, arrivés à Tamanrasset, ils nous ont déposés dans le foyer d’un Camerounais. Ensuite, on l’ a payé pour un mois à 1 500 dinars. Pendant ce mois, on partaient dans les chantiers pour travailler. Mais ils ne paient pas bien. On a appris que c’est dans les grandes villes qu’on paie bien. Mon ami et moi avions pris un bus pour aller à Oran, la deuxième ville d’Algérie. Mais là-bas, ils ne prenaient pas les Noirs. L’argument qu’ils ont placé est qu’un Camerounais a tué un Algérien.

Nous sommes partis dans un foyer, on a payé. Puis, ils nous ont mis dans un taxi en cachette pour nous envoyer à 150 km d’un barrage. Le reste on fait à pieds. On a tellement marché, nos pieds se sont gonflés. eureusement, on avait acheté du beurre à manger, comme les nerfs étaient tendus. Et comme on ne pouvait plus marcher, on a mis le beurre pour les détendre. Il ya aussi des gerbes dans le désert qui ont des épines. Ce snt es épines qu’on prenait pour percer les pieds afin qu’ils dégonflent. Vous marchez quand il fait nuit vous passé la nuit là-bas et le lendemain vous continuez. A un moment donné dans le groupe on n’a plus d’eau, on s’est sacrifié pour venir sur le goudron espérant qu’on aura de l’eau. Les passants dans les véhicules de fois ils vont vous jeter des bidons d’eaux, des galettes. Quand on a eu ça aussi, on a continué notre chemin à pieds. Nous sommes arrivés à la ville qu’on appelle Inchaallah. On a fait trois semaines. On a travaillé un peu. On passait la nuit à la gare routière. Mais dans ça aussi, vous pouvait rencontrer des jeunes délinquants qui vont vous dépouiller vos biens. En Algérie, il y’a des chantiers où travailler et gagner de l’argent. Mais quand tu as l’agent t’es dans une inquiétude totale puisque, quand on attrape avec ça ils retirent, quand tu laisses au foyer tu as peur qu’on ne vol et si tu veux envoyer en Guinée tu le partage avec l’agent qui fait le transfert. Par exemple, si c’est 100 dinars vous partagez, toi 50 et 50. Donc, quand tu gagnes l’argent, ton esprit pense à continuer le chemin et non se retourner… Donc, tous les gens qui étaient partis vers Alger ont été rapatriés seul notre groupe qui était partie vers Oran sont rentré. 

De Oran, moi je voulais aller au Maroc mais là-bas tous les groupes qui sont partis ont été retournés. Finalement j’ai foncer vers la Libye, là aussi c’est rallier la frontière Libio-algerienne. Durant le trajet quand tu es le seul noir dans le bus, arrivé dans les grandes villes tu as moins de problèmes. De Oran à Dhedhe, je suis partie seul. C’est à Dhedhe que j’ai rencontré d’autres émigrants. On a fait un moment là-bas avant de prendre la route pour la Lybie. On a voyagé la nuit, quand on a franchi les grillages de la frontière nous avons trouvé les pickups libyens garés, ils étaient tous armés et il travaille avec les passeurs. Là aussi, on vous fouille pour retirer tout ce que vous avez avec vous. Ils ont retiré tout ceux qu’on avait avec nous, ils nous faits monter dans les pickups et conduisent dans le désert où il y’a des bases ils vous laissent là-bas. C’est un autre groupe qui va venir vous chercher. Pendant le trajet ont vous garde, vous aligne dans la pick-up comme des chèvres et on couvre la base sur vous. Si tu te remis le chauffeur peut même venir vous cogner avec son fusil et il ne vérifie vers où cogner parce qu’il y’a la base il tape seulement. C’est comme ça qu’il nous a conduit au bord de la mer Méditerranée. 

Moi je n’ai été lancé dans l’eau. Le jour où on devrait nous lancer dans l’eau c’est le même jour qu’ils ont attaqué notre camp. Tout était prêt, la flotte a été pompé, la liste des personnes qui devait aller a été dictée et tout le monde était content. Quand tu arrives en Libye la souffrance que va endurer, même si tu ne sais pas ce qui se trouve dans l’eau ou en Italie t’es prêt pour aller… Quand ils ont attaqué notre campement ceux qui ont pris la fuite ont été tirés dessus. Nous ils nous ont arrêtés et embarqués dans un fourgonnette et conduit en prison. J’ai fait trois prisons différentes. La première prison j’ai fait deux jours ils nous ont transféré à la deuxième prison. Quand, la rébellion attrape un grand nombre ils revendent certains et déclarés les autres à l’OIM. Quand tu as la chance d’être déclaré à l’OIM c’est bien pour toi. La deuxième prison, on a fait deux semaines où pendant la journée ils nous exposent sous le soleil et sur le sable. Vous avez droit à un repas par jour. Ils torturaient les gens vraiment. Après les deux semaines ils nous ont transférés à la grande prison. C’est là que le représentant guinéen nous a enrôlé après quatre mois passés parce qu’il n’y a pas de communication. Tu ne parles avec personne, aucune ne connait ta situation. Ce n’est pas l’OIM qu’est venue directement là où nous sommes. On était avec un prisonnier qui a duré en Libye, il avait le numéro du représente guinéen d’OIM, un cuisinier noir lui a prêté son téléphone, il a expliqué qu’il y’a beaucoup de guinéens qui sont emprisonnés. Dans la prison on a trouvé des gens qui ont fait un an, deux ans, trois ans là-bas. En rentrant à la prison ils vont vous prévenir que c’est lui qui tombe malade il n’y a pas de médicament. Là, vous avons droit à deux repas par jour. Le matin on vous donne des biscuits et deux morceaux de pain et le soir de fois on envoie des spaghettis ou leur soupe. Pour boire vous partez dans les toilettes c’est l’eau qui s’y trouve. Il y’a plusieurs nationalités là-bas.

C’est comme ça qu’on ait restés jusqu’au jour où le représentant de l’OIM est venu nous enregistrer. Je faisais partie de ceux qu’on devait retourner. Après ils nous ont transférés à Tripoli, la capitale, ensuite, ils nous ont embarqué dans un vol pour Conakry en 2018. 

Quand je suis revenu en Guinée OIM a dit qu’ils ont appelez dans trois mois. Effectivement trois mois après ils ont appelé, on a suivi une formation de dix jours en entrepreneuriat. Après ça, ils ont financé notre projet informatique. Dans ce projet on était 14 personnes mais actuellement nous ne sommes que trois personnes. Tous les autres ont abandonnés parce que ça ne marchait pas au début.

Là, on a eu deux promotions de migrants qui voulaient faire l’informatique qu’on a formé à l’aide d’un partenariat qu’on a signé avec l’OIM-Guinée. On reçoit aussi des gens qui veulent faire l’informatique mais actuellement la clientèle n’est pas nombreuse. On vient même de renouveler le centre, on a acheté des nouveaux équipements. On a deux salles. Une salle pour l’informatique et une autre pour l’administration et autres services.

Je regrette le fait que je suis partie parce que j’ai eu du retard. Aujourd’hui, je me retrouve avec si je savais. Consciencieusement si je savais je n’allais pas partir. Côté finances je ne peux pas estimer combien j’ai dépensé.  

Mamadou Bhoye Barry

 

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