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Faux, une tasse d’eau chaude plus du sel ne guérit pas le venin du serpent !

Dans une vidéo circulant dans des groupes WhatsApp, un homme en blouse blanche se faisant appeler Dr Alhousseiny Bah affirme qu’une « tasse d’eau chaude et du sel soigne les morsures de serpent ». Dans cette vidéo, son auteur n’avance aucune preuve scientifique pour étayer son raisonnement. (Au risque de l’amplifier, nous avons décidé de ne pas intégrer la vidéo dans l’article).

Tous les médecins interrogés sur cette affirmation ont démenti l’affirmation selon laquelle “une tasse d’eau chaude plus du sel” pourrait soigner les morsures de serpent. Ils soutiennent unanimement qu’aucune étude scientifique ne le démontre non plus.

Dans une autre vidéo partagée sur la messagerie WhatsApp, Dr Mohamed Lamine Sylla, un médecin généraliste guinéen vivant en Côte d’Ivoire, s’offusque contre les propos . « En cas de morsure de serpent, il est important de comprendre que celle-ci peut être mortelle. Les serpents ne produisent pas tous les mêmes venins et ces venins n’ont pas tous les mêmes effets. Une morsure de serpent peut avoir des conséquences graves, tant au niveau local, avec des déformations musculaires et des dommages tissulaires, qu’au niveau général, pouvant entraîner des complications respiratoires ou cardiaques. Il est donc crucial de ne pas sous-estimer une telle situation », explique-t-il.

Nous avons aussi contacté Dr Thierno Idy Sow, médecin chef adjoint du Centre de traitement épidémiologique de l’hôpital régional de Kindia. Selon lui, la Guinée compte plus de 100 espèces de serpents, dont 25 sont venimeuses. Ces serpents venimeux se divisent en deux groupes, selon les symptômes présentés. Le premier groupe est caractérisé par un syndrome inflammatoire local, tandis que le deuxième groupe présente un syndrome cobraïque, pouvant entraîner des complications neurologiques et générales graves.

Pour revenir à l’affirmation du Dr Alhousseiny Bah, il souligne qu’« affirmer qu’une tasse d’eau chaude et du sel peuvent neutraliser le venin est une déclaration qui nécessite une vérification rigoureuse. Il est essentiel d’adopter une approche scientifique dans de tels cas. L’idée que l’eau chaude et le sel puissent agir sur le venin dans une morsure de serpent semble peu plausible, étant donné que ces substances agissent au niveau du tube digestif et ne peuvent pas atteindre efficacement la zone de la morsure .»

« En cas de morsure de serpent, conseille-t-il, il est fortement recommandé de consulter des spécialistes et de se rendre dans une structure de santé appropriée. Les centres de traitement des épidémies à travers le pays sont équipés pour prendre en charge ces situations et disposent des ressources nécessaires, y compris des sérums antivenimeux et des vaccins, pour traiter correctement les morsures de serpent .»

Dans la même logique, Dr Ben Youssouf Keïta, médecin généraliste, rappelle que « pour traiter une morsure de serpent, il est indispensable de connaître le type de serpent impliqué pour administrer le sérum antivenimeux approprié. Il n’existe aucun fondement scientifique pour soutenir l’idée qu’une solution d’eau salée puisse traiter efficacement une morsure de serpent. L’administration de sérum antivenimeux reste la principale approche médicale recommandée », conclut-il.

A la suite des interventions de ces trois médecins qui tous contredisent les affirmations de Dr Alhousseiny Bah, nous avons aussi contacté ce dernier. Nous voulions savoir si le supposé médecin maintenait toujours ses propos et sur quoi fondait-il ses arguments.  Mais, malgré nos multiples insistances, il n’a pas daigné donner suite à nos questions.

Verdict

Le venin du serpent ne se traite pas avec une tasse d’eau chaude et du sel. Par conséquent, l’affirmation du Dr Alhousseiny Bah est fausse. Nous encourageons chacun à se rendre rapidement dans un centre de santé approprié en cas de morsure de serpent.

Cet article a été rédigé par Mamadou Barry dans le cadre du projet d’Éducation au Média à l’Information et au Numérique Plus (EMIN+) avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il a été édité par Thierno Ciré Diallo et approuvé par le directeur de la publication, Sally Bilaly Sow.

 

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