« Dimo ko kon’ngol, Naggê ko boggol » en poular, qui signifie « l’homme digne se distingue par le respect de la parole donnée, tandis que la vache suit celui qui tient la corde autour de son cou », et « Kankélenti » en malinké, qui se traduit par « Un homme de parole », sont bien plus que de simples proverbes dans les cultures du Mandingue et du Fouta Djallon. Ces maximes constituent les fondements sur lesquels reposent l’évaluation de la confiance, de l’intégrité et de l’honneur d’un individu au sein de la société. Dans notre culture, le respect de la parole donnée est une valeur si sacrée que sa violation entraîne instantanément la perte de prestige et de réputation d’un homme respectable et digne.
C’est en s’appuyant sur cette tradition que le général Mamadi Doumbouya, Président de la Transition, a donné sa parole aux Guinéens, affirmant à plusieurs reprises, sur l’honneur, qu’il ne sera pas candidat aux prochaines élections présidentielles qui marqueront la fin de la transition. Cet engagement a été pris librement, sans contrainte ni pression, dans le but, dit-on, d’éviter les erreurs du passé, en référence à la transition menée par le capitaine Dadis Camara en 2009.
Cependant, ces derniers jours, des signaux inquiétants émergent. Des mouvements de soutien, autrefois interdits par la junte, refont surface. Ces groupes, souvent composés de personnes connues pour encourager les dirigeants sur des chemins incertains, semblent déjà préparer une éventuelle candidature du général Doumbouya. Le silence de ce dernier face à ces manœuvres laisse entrevoir une hésitation, ou pire, une volonté de céder à la tentation de cette aventure risquée.
L’histoire a maintes fois démontré que ceux qui trahissent leur serment ou renient leur parole finissent inévitablement par être vaincus et humiliés. En s’engageant sur la voie du reniement de sa parole, le général Mamadi Doumbouya risque non seulement de perdre son honneur, mais également, et surtout, le respect et la confiance des Guinéens, y compris de ceux qui prétendent aujourd’hui l’aimer tout en l’encourageant sur ce chemin périlleux. Pire encore, il pourrait laisser un lourd héritage à sa famille biologique, car l’histoire et les hommes retiendront toujours qu’il n’a pas été un «Kankélenti », un homme fidèle à sa parole.
Le respect ou non de la parole donnée déterminera la place du général Mamadi Doumbouya dans l’histoire. Le choix lui appartient.