Cellou Dalein Diallo, dément le gouvernement qui soutient que l’État guinéen subventionne le carburant. Selon le président de l’UFDG, aucune charge n’est pris par l’État dans la gestion du carburant. C’est le citoyen lambda qui paie l’ensemble des charges mais aussi les intérêts du gouvernement. Lisez l’analyse…
« J’ai entendu un membre du gouvernement dire que l’Etat subventionne à hauteur de 140 milliards le carburant dans ce pays. J’ai sous les yeux les chiffres actuels de la structure des prix. Aujourd’hui, voilà comment se décompose le litre de carburant qui est vendu à 9 000 GNF. Il a un prix de revient et des prélèvements de l’Etat qu’on appelle impôts et taxes. Le prix de revient du litre d’essence à la pompe, après avoir pris en compte l’ensemble des charges, la rémunération de l’ensemble des acteurs qui interviennent depuis l’importation jusqu’au stockage. Le prix de revient à la pompe est de 6 634 GNF. Et ce prix se décompose comme suit : le fournisseur étranger qui facture en dollar, mais l’équivalent en franc guinéen de sa facture c’est 5 128 GNF le litre. Ensuite, il y a les frais de passage à la Société guinéenne des pétroles. Chaque litre paie 100 GNF. La péréquation transport, lorsqu’on a négocié la privatisation de l’ONAH, on vit décidé de suggérer au gouvernement que le citoyen de Yomou ou de Lola paie le même prix à la pompe que le citoyen de Coyah ou de Kaloum. Pour chaque litre on prélève 550 GNF pour assurer le transport du carburant sur l’ensemble du territoire. Les importateurs, les grandes compagnies ont une rémunération de leur implication dans le processus. Chaque litre, on leur paie 555 GNF. Les distributeurs, c’est-à-dire les propriétaires des stations, ont une marge par litre. Eux ils reçoivent 300 GNF par litre. Ce qui fait un total de 6 634 GNF. Le total de prélèvement de l’Etat et de ses démembrements, c’est 2 366 GNF qui se décomposent comme suit : il y a les droits et taxes divers qui font 2 330 GNF, c’est-à-dire 1 643 GNF et 687 GNF des droits de douane. A cela, on joute deux montants faibles, prélevés par l’Etat. Il y a l’Office national des pétroles (ONAP) dont le fonctionnement est assuré par vous et moi chaque fois qu’on achète 1 l de carburant. Donc nous payons à ce titre 1 GNF par litre. Et il y a un projet de délocalisation du dépôt actuel pour en construire ailleurs. Sur chaque litre, chacun de nous paie 17 GNF. Alors l’ensemble des prélèvements opérés par l’Etat représente donc 2 366 GNF. Alors où est le problème ? C’est que l’Etat avait budgétisé beaucoup plus de prélèvements. Maintenant, comme entretemps la monnaie s’est dépréciée, et le prix du carburant est monté sur le marché international, le prix qui devait revenir ici à moins de 4 000 GNF est à 5 128 GNF. Donc le facteur d’ajustement c’est la taxe. Celle-ci est réduite, mais chaque fois qu’on achète 1 litre de carburant, on paie pour l’Etat au titre des différents impôts et taxes 2 366 GNF, soit 26% du prix à la pompe. On peut comprendre que l’Etat n’a pas perçu tout ce qu’il a budgétisé ou tout ce qu’il souhaite, mais il ne subventionne pas. L’Etat ne prélève pas autant qu’il avait prévu, mais il prélève quand même. Donc lorsqu’ils assument qu’ils subventionnent le carburant, on se demande vraiment avec quelle sorcellerie cette subvention est faite, parce que le prix de revient à la pompe c’est 6 634 GNF. Donc nous payons de l’impôt sur le carburant. Pour le moment ce n’est pas l’Etat qui nous aide à supporter. »
Oumar Diaby