Liberté de la presse : la Guinée dégringole de 25 places au classement RSF

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La Guinée vient chuter au classement de Reporter sans frontières (RSF) en matière de liberté de presse. De la 78ème place en 2024, le pays se retrouve à la 103ème place sur 180 pays soit un recul de 25 places. Ce classement a été rendu public ce vendredi 2 mai 2025 à la veille de la journée internationale de la liberté de la presse.

Ce mauvais classement de la Guinée, se justifie selon RSF par le fait que le régime de transition, installé depuis le coup d’État de septembre 2021, n’a pas tenu ses promesses de garantir la liberté de la presse en Guinée. “L’année 2024 a consolidé un tournant dans la répression de la presse privée, avec notamment la censure de médias critiques et l’enlèvement d’un journaliste toujours porté disparu”, a argumenté l’ONG.

Sur le plan politique, RSF souligne que les atteintes commises sur la presse par les autorités se sont multipliées, notamment via la censure de plusieurs médias au ton libre et à grande audience. Sur ce point la Haute autorité de la communication (HAC) est pointée du doigt.

“L’organe de régulation des médias, la Haute Autorité de la communication (HAC), a tendance à s’aligner sur les autorités de la transition et a adopté une ligne plus dure envers les médias critiques. En décembre 2023, elle a retiré trois chaînes de télévision de bouquets télévisuels – dont deux sont désormais interdites – pour des raisons de “sécurité nationale”. C’est également un “problème sécuritaire” que le ministre des Affaires étrangères avait invoqué pour expliquer le blocage de l’accès aux réseaux sociaux dans le pays durant trois mois début 2024”, mentionne RSF.

Sur cadre légal, RSF rappelle que la loi sur la liberté de la presse promulguée en 2010 met fin aux peines privatives de liberté pour les journalistes. “Toutefois, il arrive que cette loi soit contournée : un journaliste a passé un mois et demi en détention avant d’être condamné à six mois de prison avec sursis dans le cadre de son travail en 2024. Des journalistes continuent de faire l’objet de convocations ou d’arrestations, comme ce fut le cas pour une dizaine de journalistes en octobre 2023, puis en janvier 2024. La loi organique portant sur le droit d’accès à l’information publique et instaurant le principe de transparence n’est toujours pas en vigueur malgré son adoption en novembre 2020”.

Le contexte économique guinéen actuel n’est pas favorable à la presse. La presse privée est marginalisée dans la communication gouvernementale. “Les subventions accordées aux médias privés sont jugées insuffisantes. Les médias privés fonctionnent surtout grâce aux annonceurs. Mais lorsqu’ils sont restreints ou censurés, ces annonceurs se montrent frileux et résilient les contrats. L’interdiction de plusieurs médias critiques en mai 2024 a engendré la perte de plus de 700 emplois dans le secteur de la presse”, lit-on dans le rapport.

Sur le plan sécuritaire, l’ONG souligne : “les journalistes sont régulièrement victimes d’agressions, d’arrestations arbitraires et de menaces. Ces atteintes se sont multipliées en 2024, dont la fin d’année a été marquée par l’enlèvement par des hommes armés du journaliste critique Habib Marouane Camara, toujours porté disparu. Les journalistes ayant une liberté de ton peuvent faire l’objet de menaces de mort, de menaces d’enlèvement et sont surveillés voire suivis par les autorités. Certains sont contraints à l’exil. Ces actes de violence restent dans l’immense majorité impunis. Les arrestations de professionnels des médias sont aussi régulières. Le secrétaire général du principal syndicat de la presse, Sékou Jamal Pendessa, a passé plus d’un mois en détention pour avoir voulu organiser une manifestation pour la liberté de la presse”.

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