Les vérités du Dr Ben Youssouf Keita, leader de l’ACP : « on court un risque encore de tomber dans l’inconnu »
Après les deux jours de manifestation du FNDC qui ont conduit à des morts, des blessés, des arrestations et à plusieurs dégâts matériels, nombreuses sont les personnalités sociopolitiques du pays qui sont montées au créneau pour dénoncer ces événements. C’est le cas de Dr Ben Youssouf Keita, ancien président de la Commission santé de la 9ème législature au compte de l’UFDG et président du parti Alliance pour le changement et le progrès(ACP) que notre rédaction a eu à interviewer ce samedi 30 juillet. Pour commencer, il dit être choqué par ces cas de morts enregistrés au cours de cette manifestation.
« Je déplore du fond de mon cœur et très profondément les morts que nous avons encore enregistrés. Un Guinéen mort est un mort de trop. Nous avons perdu tant de Guinéens pour des raisons politiques et trop c’est trop. Nous pensions que plus jamais cela ne devait arriver après le 5 septembre. Alors donc c’est pour cette raison une semaine avant ces évènements j’ai été invité par un de vos confrères, j’ai demandé à ce que tout le monde mette la balle à terre . Jai demandé au FNDC et au CNRD de savoir raison garder. Parce que nous sommes en train de traverser une période difficile, une période incertaine. On a besoin de la paix. Malheureusement, je n’ai pas été entendu. Aujourd’hui, nous déplorons les cas de morts. Même un seul mort, c’est un mort de trop. Alors je suis profondément attristé. Et au nom de parti et à mon nom personnel, je présente mes condoléances les plus attristées aux familles éplorées. J’avais bien demandé à ce qu’on surseoie à toute manifestation de rue en cette période là. Parce que nous venons de 11ans de tumulte. Et c’est des 11 ans de tumulte qu’est survenu ce coup d’Etat. Si nous continuons encore les mêmes attitudes, les mêmes causes produiront les mêmes effets . On court un risque encore de tomber dans l’inconnu. Et ce n’est que le peuple qui sera encore perdant, martyrisé. Alors moi je veux purement et simplement qu’on ouvre un dialogue franc, entre nous Guinéens. Sans aucune pression extérieure. Nous n’avons même pas besoin d’un médiateur parce que nous sommes suffisamment grands, nous sommes même vieux. 64 ans d’indépendance, ce n’est pas 64 jours, ce n’est pas 64 mois. 64ans d’indépendance, plus d’un demi siècle. Nous avons parmi nous des sages, des religieux, des personnes morales, des personnes que nous respectons dans nos coordinations. Nous avons parmi nous, des cadres émérites qui ont tout donné pour cette nation qui sont encore vivants. Si tous ceux-ci se réunissent, ils peuvent mettre autour d’une table les fils de Guinée. Donc vraiment, je suis choqué encore d’entendre, de constater des morts après le 5 septembre. Je suis choqué, mais je voudrais une fois de plus que tout le monde mette la balle à terre. Je voudrais qu’on suspende les manifestations. J’ai dit sur Evasion TV, on sait toujours comment une manifestation de rue commence mais comment elle termine, on ne sait jamais. Je suis vraiment très effondré, vous savez je suis non seulement médecin et un médecin donne la vie, et protège la vie. Je suis effondré de constater encore qu’il y a des morts. Et je suis choqué encore en tant que leader politique de constater encore que des Guinéens sont en train de mourir pour des raisons politiques. Entendons-nous et sauvons le peuple de Guinée pour que nous vivions en paix et que nous avancions… », a-t-il indiqué.
Parlant de la trêve obtenue suite à la demande du président en exercice des chefs d’Etat de la CEDEAO, l’honorable Ben Youssouf Keïta dit que c’est le médecin après la mort.
« Oui c’est toujours le médecin après la mort. On ne devait pas aller à cet affrontement inutile. Pourquoi ? Parce que c’est des Guinéens qui sont morts. Mettez-vous à la place des familles qui ont leurs parents dans les morgues, ils ne sont pas encore enterrés. Mettez-vous à la place des familles qui ont des enfants enterrés à Bambeto, qui sont dans les fosses communes à N’Zérékoré. Mettez-vous à la place des familles qui ont des enfants handicapés à vie à cause des manifestations politiques. Mais nous avons pensé qu’après le 5 septembre que cela n’arriverait plus. Si c’est arrivé, il faut que cela s’arrête. Une fois de plus, le FNDC doit venir autour de la table. Le CNRD doit tendre la main à tous les fils qui ne partagent pas le même point de vue que lui pour que nous nous entendions. Ça ne sert à rien de faire couler des larmes, des sueurs et du sang pour qu’à la fin on se retrouve encore autour de la table pour nous entendre. Allons directement autour de la table, que chacun mette son ego de côté, l’intérêt partisan. Il faut mettre ça de côté, qu’on voie l’intérêt supérieur de Guinée. », a-t-il indiqué.
Pour terminer, l’ancien membre de l’UFDG a lancé un message de paix à l’endroit des Guinéens.
« Mon dernier mot, une fois de plus, c’est l’appel à la paix, l’appel à l’entente, l’appel au dialogue inclusif. L’appel de mettre au-dessus de tout intérêt, l’intérêt supérieur du peuple de Guinée. Pour que 85% de la population guinéenne qui vivent à l’intérieur ne soient plus secoués par des mauvaises nouvelles. Conakry, c’est 15% de la population guinéenne. Il faudrait que nous comprenions que la Guinée, c’est 13 millions d’habitants sur une superficie 245.857 km2. Et il faudrait que nous sachions qu’il n’y a que le pouvoir de Dieu qui est éternel. Donc ceux qui sont au pouvoir doivent lâcher du lest pour se faire comprendre avec les autres qui ne comprennent pas. Et ceux qui ne sont pas d’accord avec le CNRD doivent passer par tous les moyens pacifiques afin d’éviter des affrontements », a t-il conclu.
In mediaguinee