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Festival culturel du Fouta : Transmettre le savoir ancestral, le véritable défi…

Le Festival culturel du Fouta s’est tenu à Labé les 18 et 19 décembre 2021 sous la présidence du ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, Alpha Soumah plus connu sous son nom d’artiste Bill de Sam. La rencontre, organisée par le musée du Fouta, a connu la présence de nombreux citoyens venus de Conakry et de certaines préfectures, d’une délégation sénégalaise conduite par le conseiller du président Macky Sall, représentant l’association des écrivains du Sénégal. Il y avait également les autorités locales, notamment le gouverneur, le préfet, le maire. Cette 6ème édition du Festival culturel du Fouta avait pour thème « magnifier l’excellence et les savoir-faire traditionnels, quel avenir pour le Pulaaku (patrimoine culturel peul) ?

 

« En organisant ces journées culturelles, le musée du Fouta a toujours cherché à mettre à contribution les hommes de culture en vue d’accompagner tout projet, tout effort allant dans le sens de la promotion socioculturelle de la région et du pays », a fait savoir Hadja Koumanthio Zeinab Diallo, Directrice générale du musée du Fouta, avant de soutenir que la culture guinéenne est un facteur incontournable du développement durable du pays. « Et mieux, ajoute-t-elle, elle est surtout garante de l’unité nationale et de la cohésion sociale et qu’elle a toujours servi de baromètre pour mesurer la capacité de notre communauté à coexister à s’accepter dans la tolérance et la paix. »

Pour la Directrice générale du musée du Fouta, la rencontre de Labé doit être vue comme une occasion solennelle pour tout le monde de participer à « une importante réflexion, celle sur l’analyse des stratégies et actions prioritaires à mettre en œuvre pour permettre à notre pays de s’insérer dans une dynamique nouvelle et durable du secteur culturel dynamique par laquelle tout devient possible, y compris le développement, les apports des capitaux et des technologies. »

Alpha Soumah, ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, a annoncé que le gouvernement a pris toutes les mesures nécessaires pour que les musées du pays soient des sanctuaires de la culture. « Aujourd’hui, dit-il, les jeunes ont tendance à revenir à la source. Le seul problème, c’est qu’ils ne savent pas où aller prendre leur identité. Nous sommes souvent en déphasage avec le comportement de nos enfants, leur volonté d’aller de l’avant et ce que nous retenons pour nous-mêmes sans vouloir le communiquer. En tant que pères de famille, il est de notre devoir de transmettre notre savoir ancestral. Il est tout à fait normal que nous fassions comprendre à nos enfants que s’ils ne prennent pas ce qui est positif dans nos cultures, ils ne sauront jamais où aller. Quand vous allez en Europe, vous trouverez les Européens très modernes, mais ils font référence à leur culture. Donc il est tout à fait normal que nous mettions tout en œuvre pour que nos enfants prennent conscience de cela puisque la culture c’est la chose qui nous reste. »

Alpha Soumah a ensuite émis le souhait de dupliquer les expériences du musée du Fouta et celui de Sandervalia (Conakry) dans les autres régions naturelles du pays : « Nous avons visité le musée de Conakry, nous avons relevé un certain nombre de problèmes. Au musée du Fouta, nous relevons aussi un certain nombre de problèmes. Il sera donc de mon devoir de faire face à ces problèmes et éventuellement entreprendre des démarches dans le sens de dupliquer l’expérience de ces deux musées dans les autres régions. C’est vrai qu’il y a un musée à Boké, mais il faudrait bien qu’il y ait un musée en Forêt et en Haute Guinée. Donc, nous allons nous y atteler pour que tout le monde trouve son compte, pour que la culture rayonne dans notre pays. »

Djibril Falémé Diallo, qui conduit la délégation sénégalaise, a rappelé l’implication de la Guinée dans la libération de l’Afrique à travers la culture : « C’est une passion pour nous [d’être ici à Labé], nos relations avec Mme Koumanthio Diallo, la fille de Labé, que nous avons connue il y a 34 ans aujourd’hui. Le président Dénis Sassou N’Gessou avait invité à Brazzaville plus de 300 écrivains à venir du 24 au 31 mai 1987 pour la libération du peuple frère d’Afrique du Sud de l’Apartheid. Abdou Diouf avait mis à disposition, son avion présidentiel, à tous les écrivains de l’Afrique de l’Ouest. Mais la Guinée était venue avec son avion parce que la Guinée de cette époque-là avait décidé d’envoyer les Balais africains de Keita Fodéba à jouer pour l’honneur de l’Afrique et pour la libération de l’Afrique. »

Plus loin, il affirme que la Guinée et le Sénégal sont deux poumons d’un même corps. Donc, pour lui, rien ne peut détruire les relations existant entre ces deux pays : « Quand je viens à Labé aujourd’hui c’est pour dire en terre africaine de Guinée que la Guinée et le Sénégal sont deux poumons de même corps. Il faut que les deux poumons se gonflent et se dégonflent ensemble pour que l’air arrive dans le ventre de l’être humain, de l’être animal tout court. C’est ce qui se passe entre la Guinée et le Sénégal. Ce n’est pas des fermetures abusives de frontières qui détruiront ces relations-là. »

Elhadj Badrou Bah, grand imam de la mosquée de Labé, a rappelé qu’il n’est pas interdit de puiser chez les autres les bonnes choses, mais il est important de garder ses valeurs culturelles : « La thématique ‘’Si Pulaaku tabitay’’, nous invite à nous réapproprier de nos valeurs culturelles. Nous félicitons et encourageons le musée du Fouta qui a eu l’initiative d’organiser ce grand événement. Nous ne devons pas abandonner notre culture parce que c’est elle qui fait de nous ce que nous sommes. Certes, le brassage culturel n’est pas mauvais pourvu que nous prenions les bonnes choses chez les autres et que nous n’abandonnions pas nos mœurs. »

Elhadj Ousmane Fatako Baldé, président de la Coordination Haali Pular, et parrain de cette 6ème édition, s’est dit très heureux de constater qu’à Labé il y en qui se battent pour la sauvegarde du patrimoine culturel du Fouta.

« Aujourd’hui, il y a des choses qui ont été réalisées. Mais ces réalisations ne sont pas faites aujourd’hui. Il a fallu une préparation depuis des dizaines d’années, mais Dieu a fait que c’est Hadja Koumanthio qui a le courage de soutenir afin que le patrimoine culturel peul se maintienne », a-t-il conclu.

Il est à signaler que durant les deux jours, il y a eu des expositions vente d’objets d’art, notamment des chaussures en cuir, des bonnets traditionnels (puuto), fabriqués par les artisans locaux ; la visite guidée au musée ; une veillée ponctuée de contes, suivie de sketchs et danse traditionnelle.

La commission de communication

 

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