La CEDEAO, ce syndicat de chefs d’Etat aux mains tachées de sang a encore fait des siennes. Elle a encore une fois montré à la face de l’Afrique combien elle fait peu cas de la vérité et de la justice. Elle a fermement condamné le coup d’Etat du 5 septembre : c’est son droit le plus absolu, c’est même son devoir. Mais alors pourquoi n’a-t-elle rien dit quand Alpha Condé s’est octroyé un troisième mandat en violation flagrante de la constitution sur laquelle il a solennellement juré ? Ces messieurs ont-ils lu la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance qui est aussi, par effet de subsidiarité, celle de la CEDEAO ?
Je rappelle que cette Charte rejette et condamne les changements anticonstitutionnels de gouvernement. Elle condamne et réprime les actes de corruption, les infractions et l’impunité qui y est liée.
J’admets qu’Alpha Condé et le Lieutenant-colonel Doumbouya sont tous les deux des putschistes mais le second bénéficie de larges circonstances atténuantes : son putsch émane d’une nécessité historique et, il est porté à bout de bras par un soutien populaire incontestable. Sans l’aveuglement d’Alpha Condé, sans la fumisterie (dorénavant, légendaire !) de la CEDEAO, le Lieutenant-colonel Doumbouya et ses hommes ne seraient pas sortis de leur caserne. C’est la sournoiserie de la Communauté internationale qui favorise les coups d’Etat militaires et rend les hommes en galons légitimes et même populaires : en Guinée et au Mali, aujourd’hui; et demain, ailleurs.
Messieurs de la Communauté internationale, votre comportement est indécent. Vous demandez la libération d’Alpha condé ! Aucun d’entre vous n’a pleuré les 500 personnes qu’il a abattues à balles réelles dans les manifestations de rue ! Sa corruption radicale n’a scandalisé aucun d’entre vous. Personne n’a levé le petit doigt pour porter secours à ses innombrables prisonniers politiques dont la plupart sont sortis du mouroir de Coronthie, paralysés, aveugles ou demi-sourds. Ne nous parlez plus de démocratie et de Droits de l’Homme ! Les ennemis de la liberté, c’est vous !
Mes chers compatriotes, ces gens ne nous aiment pas, ces gens se foutent de la gueule de notre peuple. Ne les écoutons pas, ne tenons plus compte de leurs péroraisons ! Tournons le dos à ces bandes de corrompus ! Que personne ne se mêle de nos problèmes ! Que personne ne nous fasse la morale ! Sortons de la division artificielle dans laquelle nos très mauvais dirigeants nous ont plongés ! Rassemblons-nous autour d’idéaux communs : l’unité nationale, l’amour du pays, le rêve de faire de notre Guinée, une nation admirée de tous.
En attendant, l’heure est à la Transition. Nous devons la gérer collectivement, intelligemment, car c’est elle qui déterminera le reste. Certains proposent un délai de deux, trois voire cinq ans ! Cinq ans, c’est la durée d’un mandat complet que seul un président régulièrement élu peut accomplir. Une transition longue est donc illégale. Mais elle n’est pas que ça, elle est aussi dangereuse. En prenant goût à l’argent, nos hommes en treillis voudraient s’éterniser au pouvoir. En plus, cela risque de générer des clans antagonistes et donc des règlements de comptes préjudiciables à la paix ainsi qu’à la démocratie. A mon avis, un an, ce serait parfait ! Le rôle d’une Transition, c’est de conduire à de bonnes élections, pas de traiter les questions de fond.
Je vous assure, Lieutenant-colonel Doumbouya, que si vous réussissez à nous organiser des élections irréprochables très rapidement et qu’un ou deux mandats après, vous reveniez par les urnes, vous seriez élu dès le premier tour. Ne faites pas comme Dadis ! N’écoutez ni les amis, ni les frères, ni la tribu ! N’écoutez que les intérêts supérieurs du peuple de Guinée et vous en serez largement récompensé !
Tierno Monénembo