Guinée : Cellou Dalein Diallo dénonce une hostilité manifeste de la junte envers l’UFDG

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Lors de l’assemblée générale hebdomadaire de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) tenue ce samedi à Conakry, le président du parti, Cellou Dalein Diallo, est intervenu par visioconférence depuis Abidjan pour accuser ouvertement la junte au pouvoir de mener une politique d’hostilité délibérée à l’encontre de son parti et de sa personne.

Dans un discours au ton empreint de désillusion, l’ancien Premier ministre a déclaré : “le CNRD ne veut ni de l’UFDG ni de son président”, ajoutant que cette mise à l’écart était désormais “incontestable”. Pour justifier ses accusations, le leader de l’opposition a égrené une série de faits qu’il considère comme des preuves tangibles de cette marginalisation politique.

“Nous avons salué leur arrivée au pouvoir”

Cellou Dalein Diallo a rappelé qu’à l’arrivée du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) au pouvoir en septembre 2021, l’UFDG avait fait preuve de bonne foi en saluant un possible “sursaut patriotique”. Il a rappelé que son parti avait espéré des réformes profondes et une rupture avec les pratiques autoritaires du passé, en particulier sur les questions de justice et de libertés publiques.

Mais selon lui, ces promesses sont restées lettre morte. “Ils avaient promis qu’aucun jeune ne serait tué pour rien. Aujourd’hui, 66 jeunes ont été abattus froidement, privés de leur droit de vivre, sans que cela ne suscite la moindre compassion de la part des autorités”, a-t-il martelé.

Une violence ciblée sur l’Axe

Le président de l’UFDG a particulièrement insisté sur la répression des manifestations dans les quartiers réputés favorables à l’opposition, notamment le tristement célèbre « Axe » (Hamdalaye-Cosa-Kagbelen). “Ailleurs, les manifestants sont invités à rentrer chez eux. Sur l’Axe, on tire à balles réelles” a dénoncé Diallo, qui évoque une politique de deux poids, deux mesures et une impunité totale pour les forces de l’ordre impliquées.

Trois actes d’hostilité assumée

Pour illustrer davantage ce qu’il qualifie de “discrimination politique”, Cellou Dalein Diallo est revenu sur trois événements marquants :

Refus de rencontre avec le président de la transition : Contrairement aux autres leaders politiques et acteurs de la société civile, le président de l’UFDG affirme n’avoir jamais été reçu par le colonel Mamadi Doumbouya, malgré ses multiples demandes.

Exclusion partielle du CNT: Lors de la formation du Conseil national de la transition (CNT), un consensus aurait été trouvé pour allouer quatre sièges à l’UFDG et à son alliance (ANAD). “Trois de ces sièges nous ont été retirés sans justification”, dénonce-t-il.

Expropriation de sa résidence privée : Cellou Dalein Diallo revient sur l’expulsion forcée de sa maison à Dixinn, pourtant reconnue légalement comme sa propriété par les régimes précédents. “Trois jours après que les avocats de l’État ont demandé un report, les bulldozers sont venus détruire la maison”, a-t-il raconté avec émotion.

Un discours de rupture ?

Ce discours marque un tournant dans la relation entre l’UFDG et le pouvoir en place. L’homme politique, longtemps mesuré dans ses critiques, semble désormais tirer un trait sur toute possibilité de dialogue constructif avec les autorités de la transition. Il appelle implicitement ses militants à la vigilance, tout en continuant de plaider pour des moyens pacifiques de contestation.

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