À seulement 24 ans, l’activiste Kadiatou Konaté fait une entrée remarquée dans le monde littéraire avec la parution de son tout premier livre, ‘’Les mères de la liberté, Femmes et lutte pour l’indépendance en Guinée’’. L’ouvrage a été officiellement présenté au public ce samedi 26 juillet 2025 à Conakry, lors d’une cérémonie de dédicace empreinte d’émotion et d’engagement.
À travers cet essai de 137 pages réparties en cinq chapitres, l’autrice met en lumière la contribution essentielle, mais trop souvent ignorée, des femmes guinéennes dans la lutte pour l’indépendance et dans les combats sociaux qui ont marqué l’histoire du pays.
« Ce livre raconte l’histoire de nos mères, de ces femmes qui ont milité aux côtés des hommes pour l’indépendance de la Guinée, mais pas seulement. Il rend aussi hommage à celles qui continuent, aujourd’hui encore, à participer activement à la construction de notre nation. Il est temps de rappeler que la femme ne se résume pas à la cuisine, comme certains veulent le faire croire. Les femmes ont toujours été présentes, actives et engagées », a affirmé Kadiatou Konaté lors de la présentation.
Plus qu’un hommage, Les mères de la liberté se veut un acte militant. Kadiatou Konaté dénonce un « effacement systémique » de l’histoire des femmes en Guinée, une réalité qu’elle entend contrecarrer en contribuant à une meilleure documentation du rôle féminin dans les luttes politiques, sociales et culturelles du pays.
« L’histoire de la Guinée a été écrite par les hommes et pour les hommes. Nous, les femmes, ne nous y retrouvons pas. Il est fondamental de remettre en question ce récit, de fouiller, de chercher, et de transmettre notre patrimoine culturel. Une histoire non écrite est une histoire condamnée à l’oubli », a-t-elle martelé.
Dans une approche à la fois historique et sociopolitique, l’ouvrage revient d’abord sur l’évolution du positionnement des femmes depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui. Le deuxième chapitre dresse les portraits de figures emblématiques comme Hadja Mafory Bangoura ou Mbalia Camara, tout en insistant sur les nombreuses autres femmes anonymes qui ont aussi marqué l’histoire.
Le troisième chapitre tente de réparer cet oubli en retraçant les actions des femmes dans les régions, préfectures et communautés du pays. Le quatrième explore les continuités de l’engagement féminin, notamment à travers la révolte de 1977 contre le régime de Sékou Touré, menée par des femmes protestant contre la répression économique.
Enfin, le dernier chapitre met en avant les actrices actuelles du changement : des femmes qui occupent des espaces de pouvoir, qui revendiquent leur place et qui poursuivent le combat entamé par leurs aînées.
Dans sa conclusion, l’autrice lance un appel fort à la jeunesse féminine guinéenne : « Ce que nous faisons aujourd’hui, ce n’est pas nouveau. C’est le prolongement des luttes de nos mères. Nous devons revisiter notre histoire, nous en inspirer, et croire en notre potentiel. Il est temps de réhabiliter notre patrimoine et de le transmettre. »
Avec Les mères de la liberté, Kadiatou Konaté offre une contribution précieuse à la mémoire collective guinéenne, et invite à une relecture nécessaire de l’histoire nationale sous le prisme du genre.
